Calcutta en fête

de Gérard Huteau

Fascinés par l'Inde, nous avions fait de nombreux voyages dans cet immense pays, mais sans s'être arrêté à Calcutta dont la sombre image nous rebutait et nous effrayait quelque peu. Lors de notre long périple en Inde réalisé à l'automne 2014, nous avons fait une étape d'une semaine à Calcutta pour découvrir la ville à l'occasion de la Durga Puja, la plus grande fête de la ville.

Quelle représentation nous faisions-nous de cette ville auparavant ? Celle d'une ville surpeuplée, submergée par une terrible misère, où Mère Teresa mit son dévouement au service des déshérités. Calcutta fut l'ancienne capitale de l'empire britannique des Indes, après avoir supplanté le comptoir français de Chandernagor établi à proximité sur la rive d'un bras du delta du Gange.

Au cours de notre séjour à Calcutta, cette image s'est vite révélée très partielle. Calcutta est une cité pleine de contrastes, certes elle respire encore la pauvreté dans certains quartiers, mais c'est aussi une mégalopole dynamique, d'une prodigieuse vitalité. La ville offre de multiples aspects qui composent un kaléidoscope étonnant. Dans le centre ville, d'imposants monuments victoriens rappelant les grandes heures de la période britannique, bordent les rues encombrées par les pousse-pousse et sillonnées par des tramways d'un autre temps, tandis que le flux d'une foule innombrable nous pousse vers les labyrinthes de ruelles et les bazars. Au pied du pont Howrah palpite le marché aux fleurs, éblouissant de couleurs avec ses montagnes de fleurs de lotus, d'œillets d'Inde jaunes ou oranges, où des tonnes de fleurs sont vendues quotidiennement dans une bousculade continuelle. La foule se presse également aux abords et dans les temples de la terrifiante Déesse Kali qui a donné son nom à la ville de Calcutta.

Mais, plus spectaculaire encore, est la Durga Puja. C'est la plus grande fête annuelle de Calcutta et du Bengale, elle est dédiée à la Déesse Durga et elle est célébrée avec faste dans toute la ville. Partout sur les places et dans les rues, les habitants construisent des milliers de Pandals. Ce sont des édifices temporaires illuminés et abritant à l'intérieur les statues de la déesse Durga et de ses enfants, peintes de couleurs vives et richement habillées. Certains Pandals sont modestes, d'autres sont gigantesques, mais tous sont hauts en couleur et ils manifestent l'habileté des artisans bengalis qui les ont préparés pendant un an dans le quartier de Kumartuli. La fête culmine les derniers jours avec le défilé des femmes parées de leurs plus beaux bijoux et par les cortèges vers le Gange où les statues sont immergées.